Cinq ans après Le Caire Confidentiel, le réalisateur Tarik Saleh plonge à nouveau son regard acéré dans les arcanes de l’une des plus puissantes institutions politico-religieuses d’Égypte. Un lieu de foi traversé de puissantes luttes de pouvoir, dans lequel se déploie un scénario au mécanisme implacable, justement récompensé au Festival de Cannes. Avec une mise en scène au cadre étouffant, il transforme cette prestigieuse université coranique en prison à ciel ouvert, un pur décor de film noir, où les minarets deviennent des miradors, où les draperies étouffent des chuchotements mortifères, et où les illusions d’un jeune
pêcheur se fracassent sur le marbre des salles de prière. Mais que fait le réalisateur, si ce n’est de la politique avec les armes du cinéma de genre. Il montre comment la dictature au pouvoir en Égypte manœuvre dans l’ombre pour soumettre l’institution religieuse indépendante et imposer un grand imam qui lui sera inféodé.